Petite ancienne domestique défigurée, Caroline Herschel est devenue une chanteuse reconnue, une scientifique compilant des données astronomiques, la première femme à découvrir une comète, la première femme officiellement reconnue à un poste scientifique et la première femme à être membre honoraire de la prestigieuse Royal Society britannique. Caroline Herschel a apporté une contribution importante au domaine de l’astronomie. Découvrons la vie de cette femme incroyable.
Jeunesse de Caroline Herschel
Née en Allemagne le 16 mars 1750, Karoline Lucretia Herschel est l’une des huit enfants d’Anna Ilse Moritzen et d’Isaac Herschel.
Son père est un violoniste qui, pour nourrir sa famille, prend un emploi de musicien militaire. Anna quant à elle est analphabète et estime que les filles ne devraient travailler qu’à la maison. Elle s’oppose avec véhémence aux tentatives d’Isaac d’éduquer ses filles et même aux cours de violon.
À l’âge de trois ans, Caroline souffre de la variole, ce qui laissera son visage marqué. À 11 ans, elle est cette fois-ci atteinte du typhus, ce qui limitera sa taille à moins de 1,40 mètre. Supposant qu’elle ne trouvera jamais de mari, Anna décide que sa fille deviendra la domestique de la famille.
Isaak s’émeut du sort de Caroline et, à l’insu de sa femme, l’encourage à étudier. Il profite de la moindre absence d’Anna pour instruire lui-même sa fille ou la joindre aux leçons dispensées à ses frères. Mais, Isaac meurt en 1767 d’une mauvaise santé provoquée par le service de guerre, laissant Caroline, 17 ans, à la merci d’Anna et de son frère aîné Jacob, le nouveau chef de famille.
Départ en Angleterre
William, désormais professeur de musique et organiste d’église en Angleterre, désire que sa jeune sœur ait une vie meilleure qu’elle ne l’aurait en tant que servante de leur mère. Il propose donc à sa famille que Caroline vienne vivre avec lui à Bath, s’entraîner à devenir chanteuse et donner des concerts avec lui. Caroline faisant la plupart des tâches ménagères, William accepte même de donner de l’argent à sa mère pour engager un serviteur à la place.
C’est ainsi qu’à 22 ans, Caroline quitte le domicile familial pour s’installer avec son frère aîné de douze ans et se former au chant. Elle fait le ménage pour William qui lui enseigne l’anglais, les mathématiques et lui donne deux à trois cours de chant par jour. La jeune femme prend également des cours de danse. Le travail porte ses fruits. Caroline commence à chanter en tant que soliste dans les oratorios de Haendel montés par William et devient une soprano reconnue.
Découverte de l’astronomie
La passion de William pour la musique diminue au fur et à mesure que sa passion pour l’astronomie augmente. Afin d’observer des objets si faibles que personne ne les avait vus auparavant, il doit construire son propre télescope. Il entraîne rapidement sa sœur dans cette nouvelle passion. Caroline abandonne sa carrière musicale et devient son assistante. Elle se retrouve à passer des heures à polir des miroirs et monter des télescopes. William découvre la planète Uranus en mars 1781, ce qui lui permet d’être fait chevalier et nommé astronome de la cour du roi George III.
En 1783, il entreprend une étude de 20 ans du ciel nocturne, l’étudiant section par section. Debout sur une échelle à son télescope, il décrit ses observations à Caroline, qui enregistre ce qu’il voit. Le frère et la sœur compilent 2 500 nouvelles nébuleuses et amas d’étoiles dans une liste, qui est finalement agrandie et renommée « Nouveau catalogue général ». De nombreux objets non stellaires sont identifiés par leur numéro NGC.
Une astronome à part entière
Encouragée par son frère, dès 1782 Caroline commence à étudier seule le ciel à l’aide d’un télescope newtonien. Peu à peu la jeune femme devient elle-même une astronome remarquée. Le 26 février 1783, elle découvre un amas ouvert connu aujourd’hui sous le nom de NGC 2360. Elle découvre également 14 nouvelles nébuleuses, dont Messier 110, également connu sous le nom de NGC 205, le compagnon de la galaxie d’Andromède.
Le 1er août 1786, Caroline identifie un objet voyageant lentement dans le ciel nocturne. Elle l’observe à nouveau la nuit suivante et alerte immédiatement d’autres astronomes pour les informer de ses coordonnées afin qu’ils puissent l’étudier. Caroline devient alors la première femme à découvrir une comète. Bien qu’elle aide son frère depuis des années, ses propres compétences d’astronome sont enfin reconnues. Cette comète périodique 35P / Herschel – Rigollet et reviendra en 2092.
En 1787, le roi George III emploie officiellement Caroline comme assistante de William, lui fournissant un salaire modeste et faisant d’elle la première femme payée pour des services scientifiques et donc la première femme astronome professionnelle.
En 1788, son frère William se marie, libérant Caroline de nombreuses tâches ménagères. Son temps libre est consacré à l’observation du ciel. Au cours de la décennie suivante, elle découvre sept autres comètes.
Lorsqu’elle travaille avec son frère, elle doit déterminer, en se basant sur ses instruments, à laquelle des étoiles standard du catalogue britannique William fait référence. Mais le catalogue britannique est basé sur les travaux de John Flamsteed, le premier « astronome royal » d’Angleterre, et depuis lors, l’oscillation de l’axe de la Terre a provoqué la précession de toutes les positions.
Catalogue d’étoiles
Beaucoup de décalages sont présents entre les positions des étoiles telles qu’observées par William et celles répertoriées dans le catalogue publié par John Flamsteed. En 1797, William réalise qu’il lui faut un index croisé pour examiner ces décalages et confie cette tâche à Caroline. Le Catalogue d’étoiles qui en résulte, publié en 1798 par la Royal Society, offre un index de chaque observation de chaque étoile faite par Flamsteed, une liste d’errata plus une liste de plus de 560 étoiles qui n’y étaient pas répertoriées.
Après la mort de William en 1822, Caroline rentre chez elle en Allemagne et continue à travailler sur leur catalogue de nébuleuses. Elle reçoit la médaille d’or de la Royal Astronomical Society pour son travail en 1828 et devient membre honoraire de la Royal Society.
Caroline Herschel décède paisiblement, à 97 ans, le 9 janvier 1848 dans sa maison de Hanovre. Elle est enterrée, avec une mèche de cheveux de son frère William, à côté des tombes de ses parents dans le cimetière de la Gartengemeinde à Hanovre. Sur sa pierre tombale est inscrit : « Les yeux de celle qui est glorifiée ici-bas se sont tournés vers les cieux étoilés. »
Plusieurs des comètes qu’elle a découvertes portent son nom, tout comme le cratère lunaire C. Herschel et l’astéroïde Lucretia.