Le conteur d’étoiles Hubert Reeves est l’un des vulgarisateurs scientifiques les plus connus en France. Au-delà de son travail sur l’astronomie auprès du grand public il est également astrophysicien et s’engage de plus en plus dans le domaine de l’écologie. Découvrons un peu plus cet homme aux multiples facettes.

Hubert Reeves jeune

Né le 13 juillet 1932 à Montréal, Hubert Reeves grandit à Léry, une petite ville québécoise. Il fréquente le Collège Jean-de-Brébeuf, prestigieux collège de langue française à Montréal. Puis, il obtient une licence en physique de l’Université de Montréal en 1953. Le , le jeune étudiant épouse Francine Brunel, rencontrée deux ans plus tôt. Le couple donnera naissance à quatre enfants : Gilles, Nicolas, Benoît et Evelyne.

En 1956, Hubert Reeves obtient une maîtrise en physique atomique de l’Université McGill en 1956 avec une thèse intitulée Formation du positronium dans l’hydrogène et l’hélium sous la direction de J. D. Jackson, auteur d’un célèbre traité d’électromagnétisme. Il part ensuite pour l’Université Cornell dans l’état de New York  afin de poursuivre ses études en astrophysique nucléaire. Il a la chance d’y avoir pour directeur de thèse le grand astrophysicien Edwin Salpeter. En 1960, Hubert Reeves obtient son doctorat avec une thèse intitulée Réaction thermonucléaire impliquant des noyaux moyennement légers. Lors de son parcours universitaire, il a l’occasion de collaborer avec certains des plus grands génies du siècle : le prix Nobel de physique Hans Bethe et l’astrophysicien Philip Morrison.

Après avoir terminé ses études, le jeune homme devient professeur au département de physique de l’Université de Montréal de 1960 à 1964, tout en travaillant comme consultant scientifique au laboratoire de recherche américain de la NASA, l’Institute for Space Studies de New York. En 1964, il quitte le Canada pour le vieux continent, tout d’abord en Belgique où il est Professeur à l’Université Libre de Bruxelles.

L’année suivante, c’est en France qu’il décide de s’installer. Il est engagé comme directeur de recherche du Centre national de la recherche scientifique à Paris et consultant scientifique pour le Commissariat à l’énergie atomique de Saclay. Au Service d’Astrophysique de Saclay, Hubert Reeves poursuit des recherches sur l’origine des éléments chimiques, l’origine du système solaire, l’origine de l’univers, l’astrophysique nucléaire et la cosmologie.

Astrophysicien

Spécialiste en astrophysique, Hubert Reeves étudie les réactions thermonucléaires qui se produisent dans les étoiles, c’est-à-dire les réactions qui créent les éléments chimiques qui composent la matière. À partir de 1962, ses travaux se concentrent sur les réactions nucléaires impliquant le carbone et l’oxygène. Il consacre également une partie de ses recherches sur le sujet des neutrinos, des particules élémentaires de masse pratiquement nulle engendrées par des réactions nucléaires.

En 1967, il s’intéresse de plus en plus à l’origine des éléments légers : lithium, béryllium et bore. Les températures très élevées qui se produisent à l’intérieur des étoiles détruiraient ces trois éléments. Le lithium, le béryllium et le bore doivent donc se former ailleurs, à savoir dans l’espace.

En 1968, l’astrophysicien publie Stellar Evolution and Nucleosynthesis (sorti en français sous le nom Évolution nucléaire et Nucléosynthèse) et en 1972, Nuclear Reactions in Stellar Surfaces and their Relations with Stellar Evolution. Ces deux publications resteront les deux seuls livres écrits pour des spécialistes du domaine. Sur ces domaines, le scientifique écrit également une centaine d’articles qui paraissent dans des revues spécialisées

En 1971, Reeves aide à démontrer, avec d’autres collègues, qu’une réaction nucléaire connue sous le nom de « spallation » crée du lithium, du béryllium et du bore. Au cours de ce processus, les noyaux atomiques d’éléments relativement lourds, comme l’oxygène se brisent sous l’impact de particules qui se déplacent à grande vitesse dans l’espace : les rayons cosmiques. Certaines des « pièces » créées par ces collisions sont des atomes de lithium, de béryllium ou de bore.

En 1972, Reeves collabore avec le physicien suisse Johannes Geiss pour expliquer l’origine de deux autres éléments légers : le deutérium et l’hélium-3. Des expériences menées sur la Lune lors des missions Apollo permettent de vérifier leurs hypothèses. Grâce aux résultats obtenus, ils réussissent également à estimer la densité de matière ordinaire dans l’Univers.

Poussières d’étoiles

Dans les années 1970, alors qu’il est en vacances dans le sud de la France, il partage ses connaissances en astronomie avec d’autres vacanciers, à la nuit tombée. C’est ainsi que  sa carrière de « vulgarisateur scientifique » commence. En 1977, Hubert Reeves publie son tout premier livre de vulgarisation scientifique, Soleil. Quatre ans plus tard, paraît Patience dans l’azur qui explique les différentes étapes de la formation de l’Univers. Le titre est inspiré d’un poème de Paul Valéry. Cet ouvrage est un grand succès international. Une lectrice de Patience dans l’azur lui envoie une lettre dans laquelle elle écrit « On m’a dit : Tu n’es que cendres et poussières. On a oublié de me dire qu’il s’agissait de poussières d’étoiles. » Cette phrase inspire Hubert Reeves. Poussières d’étoiles sort en 1984. 

Au début des années 1980, l’astrophysicien donne de nombreuses conférences publiques et est apparaît dans des émissions de télévision et dans des films. Il y parle non seulement du thème de l’astronomie, mais également de celui de l’environnement.

Militant pour l’environnement

Depuis le début du XXIe siècle, Hubert Reeves milite pour l’environnement et prône le végétarisme. A partir de 2001, il préside la Ligue ROC pour la préservation de la faune sauvage, renommée Humanité et biodiversité en 2012. Depuis mars 2015, il est le président d’honneur de cette association française de protection de l’environnement qui bénéficie d’une reconnaissance d’utilité publique. Le scientifique est également membre de l’Institut québécois de la biodiversité (IQBIO). En 2003, il publie Mal de Terreun ouvrage faisant un bilan inquiétant de l’état de l’environnement terrestre.

Famille et activités musicales

Sa première union échoue, en grande partie à cause du travail qui l’accapare. Il se remarie avec la journaliste Camille Scoffier. Son fils Benoît Reeves suit ses traces en tant que médiateur scientifique. En effet, il réalise et présente des spectacles de planétariums et des documentaires à l’occasion de phénomènes astronomiques ou environnementaux. Son père a participé à plusieurs de ses spectacles d’astronomie et d’écologie :

  • Astronomie et écologie ;
  • L’Univers au fil de l’eau ;
  • Dialogues du ciel et de la vie ; 
  • Mal de Terre : inspiré du livre portant le même titre de Hubert Reeves.

Grand mélomane, Hubert Reeves a poursuivi plusieurs activités dans ce domaine en récitant ou commentant des œuvres musicales. De plus, il a conçu deux spectacles à deux voix avec la musicienne Karine Lethie : Mozart et les étoiles et Cosmophonies

L’astrophysicien a même été membre de la Chorale Inter-Universitaire dirigée par son fils Benoît également passionné de musique.

Récompenses

Durant toute sa carrière, Hubert Reeves a reçu plusieurs plusieurs doctorats honoris causa  ainsi que de nombreux prix et distinctions pour son travail en astronomie et en communication scientifique tels que le prix de la Fondation de France, le prix de la Société française de physique ou encore le Grand prix de la francophonie, décerné par l’Académie française. En 2001, lui et Johannes Geiss ont reçu le prix Einstein pour leurs travaux sur la densité de l’Univers.

En 1999, l’Union Astronomique Internationale (UAI) a décidé de donner son nom à  l‘astéroïde 9631, découvert le 17 septembre 1993 par l’astronome belge Eric Elst.

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Source

Site Officiel

Astro-canada