Le dernier rapport du GIEC sur les océans et la cryosphère a été dévoilé le 25 septembre à Monaco. Ce document de 900 pages a été écrit par une centaine de scientifiques du monde entier afin d’alerter sur les conséquences du réchauffement climatique à long terme.

Voyons quelles sont ses conclusions.

 

Qu’est-ce que le GIEC ?

 

Le GIEC est un Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat. Créé en 1988 à la demande du G7 (USA, Japon, Allemagne, France, Grande Bretagne, Canada, Italie), cet organisme est  ouvert à tous les pays qui sont membres de l’ONU.

Son objectif est d’évaluer les informations nécessaires afin de comprendre les risques du réchauffement climatique provoqué par les humains. Il doit également réfléchir à des solutions pour atténuer ce changement climatique. Les rapports du GIEC sont donc destinés à éclairer les décideurs sur les mesures à prendre.

Tous les 6 à 7 ans, des rapports complets sont publiés. De plus, des rapports spéciaux sortent régulièrement comme par exemple en novembre 2017, celui sur les conséquences d’un réchauffement climatique de 1,5 degré. 

La cryosphère et les océans régulent le climat

La cryosphère est composée des régions recouvertes de neige, des glaciers, des banquises, du permafrost…. Cryosphère vient du mot grec Kryos qui signifie glace. Elle recouvre 10 % de notre planète. Les océans quant à eux composent 70 % de la Terre.

A l’heure actuelle, nous émettons 40 milliards de tonnes de dioxyde de carbone chaque année. La moitié est absorbée par la végétation terrestre ainsi que par les océans, ce qui permet de limiter la proportion de CO2 dans l’atmosphère et au climat de se stabiliser. Les océans stockent environ 38 000 gigatonnes de carbone ce qui représente 60 fois plus que l’atmosphère et 16 fois plus que l’ensemble des sols et des plantes terrestres et des sols.

Les glaces, quant à elles, réfléchissent les radiations du soleil, ce qui va également permettre de diminuer le réchauffement. climatique.

Mais cette régulation n’est pas sans conséquence.

Le nouveau rapport du GIEC

Plus de 100 experts provenant de 36 pays ont étudié  6891 études scientifiques à propos des conséquences du changement climatique sur l’océan et la cryosphère.

Ils ont alors envisagé deux scénarios différents :

  • un premier où le réchauffement climatique serait limité à 2 °C en diminuant les émissions de gaz à effet de serre (comme le demandait l’Accord de Paris en 2015) ;
  • un deuxième plus pessimiste où cette limitation ne serait pas effectuée.

Une perturbation de l’équilibre des océans et de la cryosphère peut avoir des répercussion sur la faune et la flore qui y habitent. Et sur les humains ! N’oublions pas que plus du quart de la population mondiale vit à moins de 100 km du littoral et environ un dixième en haute montagne.

Des conséquences catastrophiques sur l’océan

 

rapport du GIEC : élévation du niveau des oceans

 

L’élévation du niveau de la mer

Le niveau de l’océan a déjà monté 2,5 fois plus vite au début de notre siècle qu’au début du siècle précédent. Depuis 1900, le niveau moyen de la mer a augmenté d’environ 15 cm. Si les émissions de gaz à effet de serre ne diminuent pas, l’élévation pourrait atteindre 110 cm et non 98 cm comme prévu jusqu’ici. Les conséquences seraient des inondations dans les régions côtières peu élevées. Il se pourrait même que certains atolls du Pacifique à 2 ou 3 mètres d’altitude deviennent inhabitables !

La montée des eaux amplifie également les événements météo extrêmes : tempêtes, submersions…

Le niveau de la mer s’élève en raison de l’augmentation du volume de l’océan. Or l’eau plus chaude occupe un plus grand volume. Il y a donc deux facteurs principaux à la montée de la mer :

  • la fonte des glaces ajoute de l’eau à l’océan ;
  • plus l’océan se réchauffe, plus l’expansion thermique est grande, c’est-à-dire plus l’eau de mer occupe de volume.

D’autre part, l’océan est de plus en plus acide en raison de l’absorption continue de CO2. Cette acidité a augmenté de 26 % depuis le début de l’ère industrielle, ce qui impacte la mortalité des coraux.

En raison de ces modifications de leur habitat, les poissons doivent aujourd’hui se déplacer, ce qui a des conséquences sur la pêche. Par exemple, des thons et des maquereaux vivent aujourd’hui dans les eaux du Groenland, mais il y a une dizaine d’années ce n’était pas le cas.

Des vagues de chaleur marine

Les vagues de chaleur marine sont des périodes d’augmentation extrême de la température océanique. Elles sont aujourd’hui deux fois plus fréquentes qu’il y a 40 ans, mais aussi plus intenses et plus longues. D’ici 2100, cette fréquence sera multipliée de 20 à 50 fois selon le scénario du GIEC. Les conséquences d’un tel réchauffement peuvent être un blanchissement massif des coraux voire leur mort.

La fonte de la cryosphère

Fonte des glaces

Au Groenland, la calotte glaciaire a fondu chaque année de 278 gigatonnes et l’Antarctique de 155 gigatonnes entre 2006 et 2015. Ces fontes correspondent à une élévation du niveau de l’océan de respectivement 0,77 mm et 0,43 mm par an. À ce rythme, l’Arctique sera complètement dénué de glace la majorité de l’année à partir de 2100.

Les glaciers reculent, comme dans l’Himalaya ce qui impacte des millions de personnes qui dépendent d’eau pour l’agriculture ou pour leur consommation.

Risque de disparition du permafrost

Un autre risque est que 70 % du permafrost de surface disparaisse. Le permafrost (ou pergélisol en français) est un sol gelé en permanence, présent dans les hautes altitudes et les hautes latitudes. Or, des gaz à effet de serre y sont prisonniers. Donc si ce pergélisol fondait, une quantité importante de dioxyde de carbone et du méthane serait alors libérée dans l’air. Les conséquences seraient une importante augmentation de gaz à effet de serre et donc de réchauffement climatique. D’autant plus qu’il pourrait y avoir un phénomène d’emballement, c’est-à-dire que la libération de gaz entraînerait un réchauffement qui aggraverait le dégel et ainsi de suite.

En conclusion, ce nouveau rapport du GIEC nous met en garde sur les conséquences de l’inaction et insiste sur l’urgence de la situation. Il prône une action rapide et durable qui pourrait réellement faire la différence.

 

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Sources

L’OCÉAN, LA GLACE ET L’HOMME DANS UN CLIMAT QUI CHANGE. QUE NOUS DIT LE RAPPORT SPÉCIAL DU GIEC SUR L’OCÉAN ET LA CRYOSPHÈRE (SROCC) ?

CNRS : Il faut respectr de toute urgence l’accord de Paris 

Océan et cryosphère : que retenir du rapport spécial du Giec ?

https://actualite.lachainemeteo.com/actualite-meteo/2019-09-27/montee-des-eaux-fonte-des-glaces-que-retenir-du-rapport-du-giec-52456

https://www.ipsl.fr/Actualites/Actualites-scientifiques/L-ocean-la-glace-et-l-homme-dans-un-climat-qui-change.-Que-nous-dit-le-rapport-du-GIEC-SROCC