Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) vient de publier un rapport où il alerte sur les conséquences d’un réchauffement climatique de plus de 1,5 °C.

Un rapport du GIEC commandé lors de la COP21

Ce rapport de 400 pages réalisé par 91 auteurs de 40 pays est basé sur plus de 6000 études scientifiques. Un résumé de 33 pages a été créé à l’intention des décideurs politiques afin de les alarmer sur l’urgence de réagir à ce problème.

En décembre 2015, lors de la COP 21, les gouvernements ont commandé ce rapport au GIEC afin de connaître « les impacts d’un réchauffement global de 1,5 °C et les trajectoires d’émissions mondiales de gaz à effet de serre associées ». L’accord de Paris alors conclu prévoit de maintenir l’élévation de la température moyenne de la planète entre 1,5 °C et 2 °C depuis l’époque préindustrielle (1850-1900), sachant que la température mondiale a déjà augmenté de 0,87 °C depuis cette époque. Le rapport du GIEC indique que la température monte en moyenne de 0,2 °C par décennie. Une augmentation de 2 degrés était jusqu’à aujourd’hui considérée comme le seuil critique.

Espérons que les résultats de ce rapport amènent les responsables politiques à revoir à la hausse leurs engagements. D’autant plus que pour l’instant, aucun pays industrialisé n’arrive à respecter cette limitation.

L’avenir de notre planète se joue aujourd’hui ! « Les quelques années à venir sont probablement les plus importantes de notre histoire », a prévenu Debra Roberts, présidente du GIEC.

évolution de la température moyenne de la planète

Evolution de la température moyenne de la planète

Un rapport du GIEC très alarmant

D’après ce rapport, « au rythme actuel, le réchauffement climatique va probablement atteindre les 1,5 °C entre 2030 et 2052 ».

Nous subissons déjà des conséquences du dérèglement climatique : des vagues de chaleur, des pluies diluviennes, des ouragans qui détruisent tout sur leur passage, les records de chaleur battus chaque année…

« L’un des messages clés de ce rapport, c’est que nous voyons déjà les conséquences du réchauffement climatique à 1 °C avec des phénomènes météo plus extrêmes, la hausse du niveau de la mer ou la fonte de la banquise de l’Arctique. Des changements parmi d’autres », déclare Panmao Zhai, co-président du Groupe de travail 1 du Giec.

Avec un réchauffement de 1,5 °C70 à 90 % des récifs coralliens tropicaux disparaîtront, 6 % des insectes, 8 % des plantes, et 4 % des animaux vertébrés perdront la moitié de leur habitat. Le niveau des mers quant à lui montera de 26 à 77 cm…

Un demi-degré est-ce vraiment important ?

Un demi-degré ne nous semble pas beaucoup. Mais les conséquences d’un réchauffement climatique de 1,5 °C ou 2 °C sont très différentes.

Avec 2 °C de plus, ce serait 18 % des insectes, 16 % des plantes, et 8 % des animaux vertébrés qui perdraient la moitié de leur habitat naturel. Le niveau global des océans monterait de 10 cm de plus que dans un monde avec une augmentation de température de 1,5 °C, touchant jusqu’à 10 millions de personnes supplémentaires. Les océans seraient également plus acides, en raison des concentrations accrues de CO2, et offriraient donc moins d’oxygène aux organismes touchant ainsi les poissons, les algues, etc. La prise annuelle de poisson serait réduite de 3 millions de tonnes à + 2 °C comparée à une perte de 1,5 million de tonnes dans le cas de + 1,5 °C.

Les barrières de corail seraient touchées à 99 % contre 70 à 90 % pour un demi-degré de moins. La perte irréversible d’écosystèmes marins augmente également à + 2 °C. L’Arctique qui se réchauffe deux à trois plus vite que la moyenne, connaîtrait un été sans banquise par décennie contre un par siècle à + 1,5 °C. Les jours les plus chauds (nous connaissons désormais bien les canicules…) devraient augmenter de 4°C pour un réchauffement climatique à + 2 °C contre 3°C pour un réchauffement à + 1,5 °C. Et les épisodes climatiques extrêmes (pluies torrentielles, vagues de chaleur, ouragans) seraient bien évidemment plus intenses…

Dans notre vie quotidienne, le réchauffement climatique aura également des conséquences sur notre santé, notre nourriture, notre sécurité… Des maladies telles que la Malaria ou la dengue risquent d’augmenter encore plus à + 2 °C… À + 1,5 °C, 50 % de personnes en moins seraient exposées à des pénuries d’eau, ce problème est évidemment très variable en fonction des régions.

Que pouvons-nous faire pour lutter contre ce réchauffement climatique ?

« Cela demande des changements sans précédent », a déclaré le co-président du groupe III du GIEC Jim Skea.

Ce qui implique supprimer les énergies fossiles dans les secteurs des transports, du bâtiment, de l’industrie et de l’énergie. Les énergies renouvelables devraient passer de 20 à 70 % de la production électrique d’ici 2050.

Il faudrait réduire les émissions de gaz à effet de serre de 45 % d’ici 2030 par rapport à 2010 et parvenir vers 2050 à une ‘neutralité carbone’, un solde net de zéro entre ce qui est émis dans l’atmosphère et ce que la Terre peut capter et stocker. Pour cela, il faudrait préserver les puits naturels de carbone (tels que les océans et les forêts) planter des forêts, absorber la pollution afin d’enlever du CO2 de l’atmosphère.

Roland Séférian, climatologue au Centre national de recherches météorologiques et coauteur de l’un des chapitres du dernier rapport du Giec, explique « Sur les surfaces continentales, cette captation naturelle du carbone est essentiellement liée à la photosynthèse. Les plantes absorbent du dioxyde carbone pour en faire du sucre qui leur permettra de créer de nouveaux tissus ou de la matière organique nécessaire à leur croissance. Pour les océans, le mécanisme est double. On retrouve ce principe de la « photosynthèse » avec les microplanctons, des organismes unicellulaires qui absorbent du CO2 pour croître. A cela s’ajoute surtout un processus physico-chimique, qui fait que le carbone devient soluble dans l’eau et y reste ainsi stocké. » 

Les scientifiques estiment que ces puits de carbone absorbent 50 % du CO2 émis chaque année dans le monde.

Le rapport précise « toutes les trajectoires qui limitent le réchauffement climatique à 1,5 °C impliquent d’extraire du CO2 de l’atmosphère (en plus de ce que les forêts et les océans font déjà naturellement) ».

Il faudrait donc accroître les capacités de notre planète à capter et à stocker du carbone. Mais ces puits de carbone naturels sont également impactés par le dérèglement climatique, sans oublier le comportement des hommes (pratiques agricoles, urbanisation…).

Des puits de carbone artificiels seraient une solution comme par exemple récupérer le carbone en sortie de cheminées d’usines et de centrales à charbon puis le réinjecter dans le sol, dans des cavités souterraines. Mais ces technologies sont discutées et encore à l’état de recherche.

Conclusion du rapport du Giec : il est temps d’agir

Notons que ce rapport nous laisse tout de même un espoir. Il n’est pas trop tard. Les conséquences des émissions produites de l’époque préindustrielle à aujourd’hui (gaz à effet de serre, aérosols…) auront lieu pendant des centaines voire des milliers d’années, mais pas au point d’atteindre 1,5 °C d’augmentation. Le réchauffement dû à ces émissions ne devrait pas dépasser 0,5 degré sur les 2 ou 4 prochaines décennies. Mais les émissions actuelles de gaz à effet de serre nous amènent tout droit vers un réchauffement climatique de 3 °C vers 2100 si nous ne changeons rien. Il est donc encore temps de réagir.

 

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Sources

Rapport Global Warming of 1.5°C

Résumé pour les décideurs politique

Le monde

gouvernement

l’express

france inter

20minutes