Passionné d’astronomie, Camille Flammarion a contribué à rendre ce domaine scientifique accessible à tous. L’astronome français qui a tout fait pour vulgariser l’étude de cette science s’est fait connaître dans le monde entier. Découvrons en plus sur lui à travers une de ses conversations avec R. H. Sherard en 1894.

Camille Flammarion, élève astronome

Nicolas Camille Flammarion est né le 26 février 1842, dans un village du département de la Haute-Marne. Le garçon précoce commence très jeune à s’intéresser à l’astronomie. 

Dans McClure’s Magazine en 1894, R. H. Sherard raconte ses propos lors d’une récente visite qu’il lui rendue dans son appartement du cinquième étage de la rue Cassini en face de l’observatoire.

Je n’oublierai jamais avec quelle joie j’ai ramené chez moi le premier télescope que j’ai pu acheter – dans une brocante. C’était un instrument misérable, mais je pense qu’il m’a fait plus de plaisir que tous les magnifiques instruments qui ont été mis à ma disposition depuis.

Flammarion est scolarisé dans une autre école jésuite, puis devient apprenti graveur à l’âge de quinze ans pendant quelques mois. En parallèle, il réussit à poursuivre ses études en suivant les cours du soir de l’école polytechnique, et à l’âge de seize ans à entrer à l’observatoire de Paris en tant qu’élève astronome. Attaché au Bureau des calculs, il restera quatre ans à l’observatoire et y fera certaines observations de comètes décrites comme les plus intéressantes qui aient été faites au cours de ce siècle. En 1862, il publie un ouvrage intitulé La pluralité des mondes habités dans lequel il défend l’idée que d’autres planètes puissent être habitées. 

La_pluralité_des_mondes_habités_Flammarion_Camille

Ce livre a tout de suite fait ma réputation. Il a été publié par Mallet-Bachelier, l’imprimeur de l’observatoire, à deux francs l’exemplaire, et la première édition a été immédiatement épuisée. J’ai ensuite été approché par l’éditeur Didier, qui m’a proposé d’entreprendre la deuxième édition, pour laquelle j’ai réécrit de nombreux chapitres et apporté des ajouts importants au texte. Voyez, voici une copie de la première édition, et voici une de la seconde. Vous verrez que ce dernier fait environ quatre fois la taille du premier. Le livre en est maintenant à sa trente-cinquième édition. Le sujet, je peux le mentionner, avait été traité environ un siècle auparavant par Fontenelle, mais dans un style purement imaginaire. Le livre de Fontenelle peut être décrit comme un roman, un morceau de littérature, tandis que le mien prétend être un travail scientifique.

L’ouvrage connaît un grand succès et Flammarion reçoit même les félicitations d’un célèbre écrivain : Victor Hugo ! Par contre, il ne plaît pas au directeur de l’observatoire Urbain Le Verrier. Flammarion est aussitôt exclu !

Vulgarisateur scientifique

Camille Flammarion - globe céleste

Après avoir quitté sa place à l’observatoire de Paris, il entre au Bureau des Longitudes, poursuivant ses études astronomiques dans un petit observatoire privé qu’il a établi dans une maison de la rue Gay-Lussac. Ici, il se consacre principalement à l’étude des taches solaires et des formations géologiques sur la lune.

À l’âge de vingt-deux ans, il rejoint l’équipe d’un magazine scientifique appelé Cosmos et collabore en même temps à plusieurs revues scientifiques ou généralistes : Le Magasin Pittoresque, Le Siècle, L’Illustration, La revue du XIXe siècle. À partir de 1865, il donne des conférences sur l’astronomie populaire suivies par un public exceptionnellement nombreux.

C’est à cette époque qu’il commence sa remarquable série d’ascensions qu’il décrit dans son livre, Voyages en ballon. Au total il en fera douze. Lors de la plus longue en 1880, il voyage de Paris à Cologne. Le 28 août 1874, il entreprend une expédition en ballon de 24 heures en compagnie de son épouse Sylvie Pétiaux, huit jours après leur mariage. 

Quoi de plus naturel qu’un astronome et sa femme s’envolent ainsi comme des oiseaux ?

Vie sur Mars

J’ai accordé une attention particulière à Mars parce que c’est la planète sur laquelle on a le plus de raisons d’espérer que des informations précises puissent être obtenues.

Évoquée dans La Pluralité des mondes habités, la planète Mars fait également l’objet de l’un de ses premiers articles dans Cosmos. Prenant en compte ses observations et celles de tous ses prédécesseurs depuis 1636, il dresse en 1876 une carte de la planète rouge. En 1892, il publie un ouvrage consacré à Mars : La Planète Mars et ses conditions d’habitabilité.

Il analyse les observations de Mars réalisées depuis deux siècles, notamment celles de Giovanni Schiaparelli, un astronome italien Giovanni Schiaparelli qui affirme que la planète Mars possède des canaux et des mers. Dans son livre, Camille suggère même que les constructeurs des canaux doivent appartenir à une civilisation plus avancée que tout ce que l’on connaît sur Terre.

Astronomie populaire

Astronomie Populaire

Son Astronomie populaire est publié par son frère Ernest Flammarion en 1880, devenu éditeur à sa demande. Ce livre connaît un grand succès, il reçoit un prix de l’Académie française et se vend à 100 000 exemplaires en 1900. En 1881, il publie un supplément à ce livre, sous le titre Les étoiles et les curiosités du ciel.

À la fin de son Astronomie populaire, il déplore l’absence d’un lieu parisien propre à faire des observations. Au cours de l’année 1882, l’un de ses admirateurs Louis-Eugène Méret, un astronome amateur, lui écrit. Très intéressé par ses recherches décrites dans ses différentes publications, il le prie d’accepter une propriété à Juvisy-sur-Orge pour « en faire profiter la science ». Flammarion accepte et y installe son observatoire privé : une coupole et une lunette astronomique.

observatoire-camille-flammarion

Société française d’astronomie

Personne avant moi n’avait pu créer une société astronomique en France, même si beaucoup l’avaient essayé. Je me souviens bien avec quel rire moqueur l’amiral Mouchez, alors directeur de l’observatoire, a accueilli ma remarque que j’avais l’intention d’essayer cette fondation, un jour où il déjeunait avec nous à Juvisy. Il a dit qu’il avait été essayé maintes et maintes fois, et avait toujours échoué, et que je perdrais mon temps. Cependant, je l’ai essayé, et aujourd’hui la Société Française d’Astronomie compte plus de six cents membres. J’ai obtenu son admission à l’Hôtel des Sociétés Savantes, où il y a un observatoire, un excellent appareil équatorial et autre, et une bibliothèque très complète.

En 1887, Camille Flammarion fonde la Société française d’astronomie dont il est le premier président et dont il dirige le bulletin mensuel l’Astronomie jusqu’à sa mort. 

 

Spiritisme

J’ai toujours été intensément intéressé par les sciences occultes et je les ai étudiées pendant plus de vingt-cinq ans, d’Alan Kardec à Rochas et Papus. Ma conclusion est qu’il existe certaines forces naturelles dont l’humanité est ignorante. Papus, l’écrivain sur l’occultisme, est un visiteur fréquent de ma maison et a donné de nombreuses séances ici. Vous trouverez le résultat de mes observations dans cette branche d’étude dans mon livre Lumen. Je ne peux pas dire que je suis arrivé à des conclusions sur le sujet au-delà de celle que je viens de formuler, qui c’est qu’il y a certainement quelque chose dans la science et que les enquêtes méritent l’attention.

L’astronome a la volonté de mêler astronomie et spiritisme. C’est après avoir découvert Le Livre des Esprits d’Allan Kardec qu’il s’est particulièrement intéressé à ce domaine. Dès 1898, il organise avec la médium italienne Eusapia Palladino plusieurs séances de spiritisme.

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Séance de spiritisme avec Eusapia Palladino, chez Camille Flammarion, rue Cassini, 25 novembre 1898

Il écrit également de nombreux ouvrages sur la communication avec les morts et les maisons hantées. Ses romans de science-fiction Uranie et Stella sont marqués par cette passion.

Le 3 juin 1925, l’astronome meurt à Juvisy. En son hommage, la petite planète (astéroïde) n° 1021, découverte le 11 mars 1924 a été nommée Flammario. 

Terminons par ces quelques mots d’Henri Poincaré :

Il est venu un poète qui a su décrire les paysages des cieux, les faire aimer de ceux qui ne les connaissent pas ou de ceux qui ne savaient pas bien les regarder ; ce poète, c’est Camille Flammarion. Il chante, et les solitudes célestes s’animent ; les astres ne sont plus des points mathématiques obéissant passivement à des équations différentielles, ce sont des mondes, parés de magnifiques couleurs.

 

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Sources

Gallica

HIS HOME, HIS MANNER OF LIFE, HIS WORK – R. H. Sherard