Des photos de Pluton prises en 2015 par la sonde New Horizon lancée en 2006 par la NASA montrent des dunes sur une zone d’environ 7 km de longueur près d’une chaîne de montagnes. C’est ce que nous révèle un article paru le 1er juin dans la revue Science.
Des dunes de grains de méthane glacé
« Quand on a vu les images de New Horizons pour la première fois, on a immédiatement pensé qu’il s’agissait de dunes, ce qui était très surprenant, car on savait qu’il n’y avait pas vraiment d’atmosphère », raconte Jani Radebaugh, professeure de géologie à Brigham Young University, aux États-Unis.
« Nous savions que tout objet du système solaire doté d’une atmosphère et d’une surface solide avait des dunes, mais nous ne savions pas ce que nous trouverions sur Pluton », indique Matt Telfer, professeur à l’Université de Plymouth.
En effet, les scientifiques avaient déjà découvert des dunes sur Mars, Vénus ou encore Titan (lune de Saturne). Mais ils pensaient jusque-là que la pression atmosphérique à la surface de Pluton était trop faible pour que des vents puissent exister. La planète naine possède une atmosphère ultralégère d’environ 15 μbar, soit 100 000 fois inférieure à celle de la Terre !
« La source probable des grains de la dune est la glace de méthane portée par les vents depuis les montagnes. Mais on ne peut exclure que ce soit de la glace d’azote. »
Alors que sur la Terre, les dunes ne se forment qu’avec des vents forts, sur Pluton, la vitesse des vents ne serait à peu près que de 30 à 40 km/h. Mais la gravité y étant très faible, des vents 100 fois plus faibles que sur notre planète suffisent à transporter les sédiments.
D’après les scientifiques, les dunes se sont probablement formées au cours des 500 000 dernières années, ce qui est jeune à l’échelle géologique.
Pluton, un agrégat de comètes
Une autre nouvelle est apparue ces derniers jours sur Pluton : elle serait en réalité formée d’un agglomérat d’un milliard de comètes. C’est le résultat d’une nouvelle étude basée sur les découvertes des sondes Rosetta et New Horizons et publiée dans la revue Icarus le 23 mai 2018 par Southwest Research Institute, laboratoire de recherche au Texas.
Celle qui a été considérée comme une planète, puis redescendue au niveau de planète naine, serait donc une gigantesque comète ! Christopher Glein, coauteur de l’étude, indique qu’ils ont travaillé à partir de données recueillies en 2014 et 2015 par les sondes de Rosetta et New Horizon ce qui leur a permis d’élaborer un nouveau modèle mathématique pour expliquer la formation de Pluton.
Ils se sont concentrés pour leurs recherches sur la région Sputnik Planitia, une plaine d’environ 1000 kilomètres de large couverte d’une glace lisse et sans cratères dans la région Tombaugh. Ils ont remarqué que sa composition est similaire à Tchouri (67P/Churyumov-Gerasimenko), la comète explorée par Rosetta.
Christopher Glein, géochimiste du Département des sciences et d’ingénierie spatiales du Southwest Research Institute, explique « Nous avons développé ce que nous appelons un modèle cosmochimique. » « Nous avons trouvé une cohérence intrigante entre la quantité d’azote estimée à l’intérieur du glacier, et la quantité attendue si Pluton était formée par l’agglomération d’environ un milliard de comètes ou d’autres objets de la ceinture de Kuiper. »
« Notre recherche suggère que la composition chimique initiale de Pluton, héritée des blocs de construction cométaires, a ensuite été chimiquement modifiée par l’eau liquide, peut-être même dans un océan souterrain. »
Notons qu’il ne s’agit pour l’instant que d’un point de vue théorique qui demande à être confirmé par les observations.
Cette étude « conduit à nouvelle appréciation de la richesse de l’histoire de Pluton, que nous commençons seulement à saisir. »
Voir aussi la neuvième planète du système solaire
Source
Primordial N2 provides a cosmochemical explanation for the existence of Sputnik Planitia, Pluto