Construites pour durer seulement 5 ans, les sondes Voyager 1 et 2 ont fêté leurs 40 ans de voyage spatial le 5 septembre et le 20 août 2017. Elles avaient été lancées par la NASA en 1977 à Kennedy Space Center.
L’objectif du programme Voyager était d’étudier les planètes externes (les géantes gazeuses Jupiter, Saturne, Uranus, Neptune) du système solaire. Seules Pioneer 10 et 11 qui disposaient de peu d’instruments les avaient approchées pour servir d’éclaireurs. Revenons en quelques images sur les grandes découvertes qu’elles nous ont apportées.
Voyager 1 et 2 survolent les planètes externes du système solaire
Les sondes Voyager 1 et 2 survolent la planète géante gazeuse Jupiter en 1979. Voyager 1 découvre les premiers volcans actifs sur la lune Io, le système d’anneaux joviens et 2 nouvelles lunes (Thébé et Métis). Il prendra des photos des 4 satellites galiléens Io, Europe, Ganymède et Callisto découvertes par Galilée en 1610. À la vue des clichés apportés, les scientifiques découvrent que la grande tache rouge découverte par Cassini en 1965 est en réalité un immense anticyclone.
La sonde Voyager 2 nous offre les premières images du système d’anneaux, la découverte d’une 3e lune (Adrastée). L’approche de la lune Europe nous révèle de multiples lignes de fractures qui peuvent être interprétées comme le fait que des océans d’eau liquide sont présents sous sa croûte de glace.
Les 2 sondes survolent Saturne en 1980 et 1981 puis se séparent. Voyager 1 découvre 3 lunes de la planète (Atlas, Prométhée et Pandore). Les vues d’Encelade (satellite découvert en 1789 par William Herschel) révèlent une surface étonnamment brillante. Les données rassemblées de Titan, le principal satellite de Saturne, révéleront une atmosphère épaisse riche en azote et suggéreront la possibilité de mer de méthane et d’éthane liquide à sa surface.
La trajectoire de Voyager 1 est déviée suite au survol de Titan et se dirige alors vers les limites du système solaire.
Voyager 2 amène des images de plusieurs des lunes glacées de Saturne (Thétys et Japet et certaines découvertes au passage de Voyager 1). Il découvre également le motif nuageux hexagonal qui tourne au-dessus du pôle nord de la planète.
Voyager 2 continue sa route et survole Uranus en 1986 transmettant à la NASA des photos et données de cette planète, de ses lunes et de son champ magnétique. Elle découvre 11 nouvelles lunes (Puck, Juliet, Portia, Cressida, Desdemona, Rosalind, Belinda, Perdita, Cordelia, Ophelia et Bianca) et prend des images spectaculaires de Miranda (satellite découvert en 1948 par Gerard Kuiper) dont la surface présente des falaises de 5 km de hauteur.
Elle passe à 48 000 km de Neptune en 1989 puis se dirige vers l’extérieur du système solaire.
C’est la première fois qu’un engin spatial s’approche de cette planète. Il découvre 6 nouvelles lunes (Despina, Galatea, Larissa, Proteus, Naiad et Thalassa), apporte les premières images des anneaux de Neptune (dont l’existence n’avait jamais été prouvée) et de la lune Triton (la principale de la planète). Apparaît également sur l’hémisphère sud de Neptune une tempête anticyclonique surnommée Great Dark Spot » (soit la Grande Tache Sombre).
Un point bleu pâle
En 1990, Voyager 1 se retourne pour prendre des photos des planètes qu’elle a visitées tel « un portrait de famille du système solaire ». Parmi elles, elle prendra celle de la Terre à 6,4 milliards de kilomètres. L’astrophysicien Carl Sagan l’intitulera a pale blue dot (soit un point bleu pâle) :
« Pour moi, cela souligne notre responsabilité de cohabiter plus fraternellement les uns avec les autres, et de préserver et chérir le point bleu pâle, la seule maison que nous ayons jamais connue. »
La suite du programme Voyager : Voyager Interstellar Mission (VIM)
À partir de 2012, Voyager 1 entre dans le milieu interstellaire (constitué des vents stellaires des astres et des nuages de gaz) et est aujourd’hui à plus de 20 milliards de kilomètres.
Les sondes Voyager ayant fini leur mission primaire, la NASA décide de prolonger par une nouvelle mission appelée Voyager Interstellar Mission (VIM) dont l’objectif est d’étendre l’exploration du système solaire au-delà des planètes externes gazeuses tout en restant sous l’influence du Soleil.
En 2004, un nouveau cap est franchi, Voyager 1 dépasse l’héliopause c’est-à-dire la limite où le vent solaire est arrêté par le milieu interstellaire, autrement dit la frontière du système solaire.
Selon l’estimation de la NASA, les sondes pourront fonctionner jusqu’en 2020. Dans 40 000 ans, Voyager 1 devrait dériver en direction de l’étoile AC+79 3888 dans la constellation de la Girafe. Voyager 2 quant à elle devrait dans 296 000 ans passer près de Sirius, l’étoile la plus brillante du ciel.
Voyager Golden Record
Le disque Voyager Golden Record a été embarqué à bord de ces 2 sondes. Il s’agit d’un disque en cuivre de 30 cm recouvert d’or. Une face contient des sons et des images (inscrites sur un microsillon) choisis pour dresser un portrait de la diversité de la vie et la culture sur Terre. L’autre face contient les instructions pour lire le disque ainsi que l’emplacement de la Terre par rapport à 14 étoiles de type pulsar. Un comité présidé par Carl Sagan sélectionna les données présentes sur le disque parmi lesquelles :
- un fœtus humain, la Grande barrière de corail, un dauphin ou un aéroport pour les images ;
- un battement de cœur ou le bruit du vent pour les sons ;
- des enregistrements du mot bonjour dans de nombreuses langues ;
- des extraits de textes littéraires ;
- etc.
De la musique classique et moderne est également incluse :
- Concerto Brandebourgeois no 2 de Jean-Sébastien Bach ;
- Johnny B. Goode de Chuck Berry ;
- Symphonie no 5, de Beethoven, Premier Mouvement ;
- Le sacre du printemps de Stravinski ;
- Melancholy Blues, interprété par Louis Armstrong et les Hot Seven ;
- Chansons aborigènes Morning Star et Devil Bird, enregistrés par Sandra LeBrun Holmes ;
- Indiens Navaro, Chant de nuit, enregistré par Willard Rhodes ;
- etc.
Carl Sagan expliqua : « Nous avons enregistré des sons qu’on aurait pu entendre aux premiers âges de notre planète, avant l’apparition de la vie, puis des sons évoquant l’évolution de l’espèce humaine jusqu’aux plus récents développements de notre technologie. C’est un message d’amour que nous lançons dans la profonde immensité. Il restera sans doute en grande partie indéchiffré, mais nous le transmettons cependant, parce qu’il est important d’essayer. »
Ce disque est destiné à communiquer l’histoire de notre monde aux éventuels extraterrestres, même s’il y a très peu de chances qu’ils le trouvent…
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