Michael Collins nous a quitté le 28 avril 2021 à l’âge de 90 ans. Cet astronaute faisait partie des missions Gemini 10 et Apollo 11, le premier atterrissage lunaire de l’histoire. Découvrons-en un peu plus sur lui à travers une courte biographie. 

Jeunesse de Michael Collins

Michael Collins est né le 31 octobre 1930 à Rome, en Italie, où son père James Lawton Collins, officier de carrière de l’United States Army était en poste. Il est le cadet des 4 enfants de James et Virginie. Pendant 17 ans, la famille déménage souvent en raison des affectations de James, de l’Oklahoma à New York, du Maryland à l’Ohio, de Porto Rico au Texas en passant par la Virginie. C’est à Porto Rico que le jeune Michael fait son baptême de l’air. Durant une partie du vol, le pilote lui laisse même tenir le manche. 

Après que les États-Unis soient entrés dans la Seconde Guerre mondiale, la famille déménage à Washington, où Collins fréquente l’école St. Albans d’où il sort diplômé en 1948. Décidant de suivre son père, ses deux oncles, son frère et son cousin dans les forces armées, il postule et est accepté à l’Académie militaire de West Point à New York, principale école de formation militaire des officiers américains. Collins obtient son bachelor of sciences en 1952. Il fait partie de la même promotion de celui qui deviendra également astronaute, Edward White.

Carrière dans l’armée de l’air

Il rejoint l’armée de l’air la même année et est affecté à la base aérienne de Columbus dans le Mississipi. Après s’être initié au vol aux instruments et au vol en formation à la base aérienne de San Marcos, il part au Texas pour apprendre à voler sur des avions à réaction à la base aérienne James Connally. Ses performances lui valent d’être sélectionné pour suivre la formation des chasseurs de jour de la base aérienne de Nellis. 

En janvier 1954, il est affecté à la 21e escadrille de chasseurs-bombardiers de la base aérienne George en Californie, où il apprend à larguer des armes nucléaires. La suite de sa carrière le mène en Europe lorsque son escadrille déménage à la base aérienne de Chambley-Bussières en France. Il découvre également l’Allemagne de l’Ouest dans le cadre de sa mutation pendant la révolution hongroise de 1956.

michael collins et Patricia Mary Finnegan

Michael Collins et Patricia Mary Finnegan

En 1957, il se marie avec Patricia Mary Finnegan, originaire de Boston dans le Massachussets qu’il a rencontré dans un mess (une cantine) d’officiers. Le couple donnera naissance à trois enfants. 

Il retourne aux États-Unis l’année suivante. Il suit un cours d’officier spécialisé dans la maintenance d’aéronefs, puis commande un détachement d’entraînement mobile se rendant dans des bases aériennes du monde entier. Après avoir cumulé plus de 1500 h de vol, le jeune homme postule en 1960 à l’école des pilotes d’essai de la base aérienne d’Edwards en Californie. Il rejoint la même classe que les futurs astronautes Frank Borman, Jim Irwin et Thomas Stafford

Troisième groupe d’astronautes

Collins prend la décision de devenir astronaute après avoir regardé le vol Mercury Atlas 6 de John Glenn. Il postule donc pour la deuxième classe d’astronautes de la NASA, mais n’est pas sélectionné. Déçu, il suit alors un cours de troisième cycle sur les bases du vol spatial puis retourne aux opérations de combat en mai 1963. Puis, Michael Collins répond au nouvel appel à candidatures de la NASA. Plus préparé que jamais, il est enfin accepté dans le troisième groupe d’astronautes avec celui qui sera son futur coéquipier, Buzz Aldrin.

Fin juin 1965, le jeune astronaute reçoit sa toute première affectation en tant que pilote de l’équipage de réserve pour la mission Gemini 7. 

Gemini 10

Assigné comme pilote à bord du Gemini 10, Collins se lance avec John Young en juillet 1966 pour une mission de trois jours lors de laquelle il effectue deux sorties dans l’espace, devenant seulement la quatrième personne à quitter un vaisseau spatial pour travailler dans le vide de l’espace.

En 1968, il demande un avis médical suite à des douleurs. Le diagnostic indique une hernie discale cervicale qui nécessite la fusion de deux vertèbres et un temps de récupération de 3 à 6 mois. Compte tenu du temps nécessaire à son rétablissement, Collins est retiré de l’équipage d’Apollo 9 et réaffecté à Apollo 11. Il est remplacé par James Lovell. S’étant préparé pour Apollo 9, il devient tout de même CapCom pour Apollo 8. Plus tard, il se demandera si Apollo 8 pourrait un jour être considéré comme la mission la plus historique.

Apollo 11

Son second départ pour l’espace est donc la mission Apollo 11 du 20 juillet 1969 pour le premier atterrissage lunaire de l’histoire. Collins reste dans le module de commande pendant que ses coéquipiers Neil Armstrong et Buzz Aldrin marchent à la surface de la lune. Il continue à faire le tour de la Lune jusqu’à ce que les deux astronautes le rejoignent. Le lendemain, tous trois quittent l’orbite lunaire. Ils atterrissent dans l’océan Pacifique le 24 juillet. Collins, Armstrong et Aldrin reçoivent tous les trois la médaille présidentielle de la liberté de Richard Nixon. Cependant, Aldrin et Armstrong reçoivent principalement la reconnaissance du public pour l’événement historique, bien que Collins soit également sur le vol.

Collins est resté seul pendant plus de 21 heures jusqu’à ce que ses Neil et Buzz reviennent dans le module lunaire. Il a même perdu le contact avec le contrôle de la mission à Houston chaque fois que le vaisseau spatial encerclait le côté sombre de la lune. Pour ces raisons, le journal de mission a indiqué « Depuis Adam, aucun humain n’a connu une telle solitude comme Mike Collins ». Collins n’est pas de cet avis : « Columbia [le module de commande] était un endroit agréable, sûr et confortable. J’avais un café chaud, j’avais de la musique si je le voulais, j’avais de belles vues par la fenêtre », déclarera-t-il dans une interview avec collectSPACE.co. 

Même s’il n’a pas marché sur la Lune, Collins est très heureux d’avoir fait partie de l’équipage d’Apollo 11. « C’est l’une des questions qui m’ont été posées un million de fois :  » Mon Dieu, vous étiez si près de la lune et vous n’avez pas atterri. Cela ne vous dérange pas vraiment ?  » Ce n’est vraiment pas le cas », racontera-t-il. « Honnêtement, je me suis senti vraiment privilégié d’être sur Apollo 11, d’avoir l’un de ces trois sièges. Je veux dire, il y avait des gars dans le bureau des astronautes qui m’auraient coupé la gorge pour avoir l’un de ces trois sièges. J’étais très heureux d’avoir l’un de ces trois ». « Ai-je eu le meilleur des trois ? Non. Mais étais-je satisfait de celui que j’avais ? Oui ! Et je n’ai aucun sentiment de frustration ou de rancune ou quoi que ce soit. Je suis très, très heureux de tout cela. »

michael collins apollo 11

Michael Collins au module de commande Apollo 11, pratiquant le retrait de la trappe d’amarrage du simulateur CM à la NASA Johnson Space Center, Houston, Texas, le 28 juin 1969.

Michael Collins après la Lune

Après avoir passé 21 jours en quarantaine pour se protéger contre d’éventuels « germes lunaires », participé à des défilés en leur honneur à New York, Chicago et Los Angeles, assisté à un dîner d’État, pris la parole lors d’une réunion conjointe du Congrès et visité 22 pays en 38 jours, Collins démissionne de la NASA en janvier 1970. « En juin 1969, je ne pouvais même pas compter jusqu’à 17, et je n’ai aucun regret aujourd’hui sur la décision », écrira-t-il en 1974. 

Recruté par l’administration Nixon, Collins accepte un poste de secrétaire d’État adjoint aux affaires publiques. Constatant qu’il n’aimait pas ce travail, il le quitte après un an pour devenir le premier directeur du National Air and Space Museum de la Smithsonian Institution. Il préside l’ouverture du musée le 1er juillet 1976, lorsque son module de commande Apollo 11, Columbia, et nombre de ses effets personnels transportés lors de la mission sont exposés au public. Collins dirige le National Air and Space Museum jusqu’en 1978, date à laquelle il devient sous-secrétaire du Smithsonian.

Il termine le programme de gestion avancée de la Harvard Business School en 1974 et occupe le poste de vice-président de LTV Aerospace en 1980. En 1982, Collins prend sa retraite de l’armée de l’air avec le grade de général de division. En 1985, il quitte LTV pour fonder sa propre société de conseil.

Michael Collins à Washington, le 15 avril 2019.

Honneurs

Pour son service au programme spatial, Collins a reçu de nombreux prix, dont la NASA Exceptional Service Medal, la NASA Distinguished Service Medal et la Legion of Merit. Avec ses coéquipiers d’Apollo 11, il a reçu le Trophée Collier, la médaille présidentielle de la liberté, le trophée Harmon et la médaille d’or du Congrès. Il a également été intronisé au US Astronaut Hall of Fame et au National Aviation Hall of Fame. Avec celles d’Armstrong et Aldrin, une statue de Collins se dresse au Kennedy Space Center de la NASA en Floride et son nom apparaît sur quatre plaques rondes sur le Hollywood Walk of Fame.

Enfin, un cratère sur la lune et un astéroïde ont été nommés en son honneur. Armalcolite, un minéral trouvé pour la première fois sur la base de la tranquillité, comprend une partie de son nom, ainsi que ceux de ses coéquipiers.

Livres et longs-métrages

Collins a également fait son apparition sur le grand écran. Il a joué le petit rôle d’un « vieil homme » dans le film de 2009 Be Bad ! et est apparu dans son propre rôle dans les longs métrages documentaires sur le programme Apollo In the Shadow of the Moon de 2007, Armstrong et Apollo 11 en 2019. Plusieurs acteurs ont joué son rôle : Jim Metzler (Apollo 11, 1996), Cary Elwes (De la terre à la lune, 1998), Lukas Haas (First Man : le premier homme sur la Lune, 2018), Ryan Kennedy (For All Mankind 2019) et Andrew Potts (The Crown, 2019). 

En 1974, il publie son autobiographie intitulée Carrying the Fire : An Astronaut’s Journeys qui est toujours considéré comme le meilleur des mémoires d’astronautes, Collins a également écrit Flying to the Moon and Other Strange Places paru en 1976, Liftoff! The story of America’s Adventure in Space (1988) et Mission To Mars: An Astronaut’s Vision Of Our Future (1990).

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Sources

Scientificamerican