L’astronaute John Young est décédé à l’âge de 87 ans le 5 janvier 2018 à Houston au Texas. Retour sur une carrière particulièrement riche.
John Young
Né en 1932 à San Francisco en Floride, enfant, le passe-temps favori de John Young était de construire des maquettes d’avion. En 1952, il obtient un diplôme d’ingénieur aéronautique puis s’engage dans la marine de guerre américaine. Il y restera 25 ans. Il sert durant la guerre de Corée en tant qu’officier de tir sur un destroyer puis suit une formation de pilote d’avion de chasse en 1953 au centre d’entraînement de la Navy. En 1959, il obtient son diplôme de l’école des pilotes d’essai.
En 1962, il établit un nouveau record de vitesse ascensionnelle à bord d’un chasseur Phantom à 3 000 et 25 000 mètres. C’est alors que le président John F. Kennedy annonce qu’avant la fin des années 60, un Américain poserait le pied sur le sol lunaire et reviendrait en sécurité sur Terre… John Young répond à l’appel.
Astronaute à la NASA
En 1962, il est sélectionné par la NASA parmi des milliers de jeunes pilotes pour intégrer le deuxième groupe d’astronautes aussi appelé ‘the New Nine’ avec Neil Armstrong, Frank Borman, Charles Conrad, James Novell, James McDivitt, Elliot See, Thomas Stafford et Edward White. Ce groupe réunit des pilotes pour des amarrages entre engins spatiaux et des alunissages.
Missions Gemini
Suite à la mise à l’écart pour raison médicale d’Alan Shepard, il est le premier de ces 9 astronautes choisis pour voler dans l’espace et devient le septième américain à aller dans l’espace. Pour sa première mission en 1965, il réalise le premier vol habité du programme Gemini avec Virgil ‘Gus’ Grissom, tous deux pilotes de Gemini 3. Il s’agit surtout d’un vol d’essai afin de tester la manœuvrabilité du nouveau vaisseau Gemini. Cette mission fut nommée Molly Brow par Gus’ Grissom en référence à une comédie de Broadway l’incoulable Molly Brown (Unsinkable Molly Brown) racontant la vie de Margaret Brown, survivante du Titanic. La NASA n’a pas dû apprécier ce trait d’humour, car ce fut la dernière fois qu’une mission fut nommée par un astronaute…
Young se fait quant à lui également remarquer en emportant en cachette un sandwich au corned-beef ce qui amuse beaucoup Grissom, commandant de la mission, mais moins les médecins de la NASA. Gemini 3 faillit alors être sa dernière mission…
En 1966, John Young est à nouveau choisi pour commander la mission Gemini 10 avec Michael Collins. L’objectif est de valider la technique du rendez-vous spatial en prévision des missions Apollo. Cette technique consiste à faire se rencontrer deux engins spatiaux, ou un engin spatial et un objet céleste à vitesse faible ou nulle. Gemini 10 effectue deux rendez-vous orbitaux avec 2 vaisseaux cibles Agena. Cette mission permet à Collins d’effectuer également deux sorties dans l’espace.
Missions Apollo
John Young est ensuite choisi comme pilote du module de commande de la mission Apollo 10 lancée le Lors de cette mission, l’équipage se place en orbite autour de la Lune et réalise un rendez-vous entre le vaisseau Apollo et le module lunaire. Ce module effectue également une descente vers la Lune, s’approche de 15 kilomètres de la surface puis remonte.
Le
Pour Apollo 17, la dernière mission du programme en 1972, il est assigné avec Charlie Duke comme membre de l’équipage de réserve.
Navette spatiale américaine
Le 12 avril 1981, il reprend le chemin de l’espace avec Robert Crippen pour Columbia STS-1, le premier vol de la navette spatiale américaine Columbia.
Deux ans plus tard, le
John Young, chef du bureau des astronautes
Par la suite, il est resté très impliqué dans les missions de la NASA. En janvier 1973, il est nommé responsable de la branche du bureau des astronautes liée à la navette spatiale américaine et en janvier 1974 devient Chef du Bureau des Astronautes. Il est alors responsable de la coordination, du planning et du contrôle des activités des astronautes. Il s’occupe également des équipages du vol Apollo-Soyouz, des tests de la navette spatiale et de 25 missions spatiales de cette dernière. Il se retrouve alors à sélectionner les astronautes pour la navette spatiale.
En 1987, il est assistant spécial du directeur du Centre Spatial Johnson puis directeur adjoint technique en 1996 pour l’ingénierie, les opérations et la sécurité. Il reste astronaute actif de la NASA ce qui veut dire qu’il est susceptible de voler à nouveau sur la navette…
Le 7 décembre 2004, John Young prend sa retraite bien méritée après 42 ans à la NASA, six vols spatiaux, six sorties dans l’espace, un atterrissage sur notre satellite et 20 h 15 passées sur la Lune. Il continua pendant plusieurs années à assister aux réunions des astronautes.
« Aujourd’hui, la Nasa et le monde entier ont perdu un pionnier », a déclaré Robert Lightfoot, l’administrateur de la NASA. « La carrière de l’astronaute John Young s’est étendue sur trois générations de vols spatiaux. C’était un sacré ingénieur qui avait une capacité extraordinaire à mettre le doigt sur le cœur d’un problème technique en posant la question parfaite – souvent suivie de son caractéristique « je pose juste la question… » Il était en tous points de vue ‘l’astronaute des astronautes’. Il nous manquera. »
Pour l’astronaute Alan Bean « Young fut le meilleur ingénieur et le meilleur pilote d’essai de tous les astronautes des débuts de l’ère spatiale. Sans aucun doute, il fut l’astronaute le plus important de l’ère de la navette spatiale. Il fut le meilleur chef du bureau des astronautes à Houston. Personne ne rivalisait. »
Les hommes vivants à avoir marché sur la Lune ne sont au 9 novembre 2018 plus que cinq : Buzz Aldrin, Alan Bean, Dave Scott, Charles Duke et Jack Schmitt.
Pour aller plus loin
Forever Young: A Life of Adventure in Air and Space
En 2012, John Young publie son autobiographie Forever Young avec l’aide de l’historien James Hansen, biographe de Neil Armstrong.
Il y révèle se sentir responsable des accidents des navettes Challenger en 1986 et Columbia en 2003.
Apollo : Les missions lunaires habitées (Préface de Claudie Haigneré) de Pierre-Emmanuel Paulis
L’auteur nous entraîne sur la Lune, dans les empreintes de Neil Armstrong, Buzz Aldrin, Charles Conrad, Alan Bean, Alan Shepard, Edgar Mitchell, David Scott, James Irwin, John Young, Charlie Duke, Eugene Cernan et d’Harrison Schmitt.
C’est un film documentaire américano-britannique réalisé par David Sington et produit entre autres, par Ron Howard
Les anciens membres des missions Apollo, dont John Young, racontent leurs expériences lunaires.
When we left earth – NASA : L’épopée de la conquête spatiale
John Young apparaît également dans la série de documentaires de Discovery Channel When we left earth (Nasa, l’épopée de la conquête spatiale)
Et également dans le film documentaire The wonder of it all (Ils ont décroché la Lune)
Dans ce film réalisé par Ron Howard en 1995, il est joué par Ben Marley. Voir mon article sur Apollo 13
From the Earth to the Moon – De la Terre à la Lune
En 1998 il est joué par Tom Posey dans cette mini série HBO réalisée par Tom Hanks
Sources
biographie officielle de la NASA