En 1992, l’Union of Concerned Scientists publiait World Scientists’Warning to Humanity (l’avertissement des scientifiques du monde à l’humanité).
25 ans plus tard, 15364 scientifiques de 184 pays émettent un « deuxième avertissement » dans une tribune publiée par la revue BioScience le 13 novembre et reprise par Le monde. En jetant un regard sur l’état de la planète, force est d’admettre que ce premier avertissement n’a pas eu l’effet positif escompté.
Réchauffement climatique
Mis à part en ce qui concerne la stabilisation de la couche d’ozone, les progrès en matière d’environnement n’ont pas été suffisants. Certaines problématiques ont même empiré comme le changement climatique en grande partie dû aux gaz à effet de serre, ou encore l’extinction massive d’un grand nombre d’espèces.
Les événements météorologiques extrêmes (canicules, sécheresses, inondations, tempêtes) sont de plus en plus fréquents et intenses. Les glaces arctiques et groenlandaises continuent à régresser, le niveau de la mer continue à monter en raison de la fonte des glaciers et de la dilatation thermique des océans. Selon le dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (le GIEC) en 2013, le niveau de la mer devrait monter de 26 à 82 cm d’ici 2100 et la température augmenter. Pour le scénario le plus émissif en termes de gaz à effet de serre, l’augmentation sera de 2.6 °C et 4.8 °C, pour le scénario le plus optimiste elle sera de 0,3 °C à 1,7 °C d’ici à la fin du siècle par rapport à la température moyenne de la période 1986-2005.
Une sixième extinction de masse
Selon une étude parue dans la revue Science Advance, la Terre est en train de subir sa sixième extinction de masse. Les disparitions d’espèces ont été multipliées par 100 depuis 1900, soit un rythme sans équivalent depuis l’extinction des dinosaures il y a 66 millions d’années. D’après cette même étude, depuis le 16e siècle, 338 espèces ont définitivement disparu et 280 autres n’existent plus qu’en captivité.
Les scientifiques sont inquiets des « dommages actuels, imminents ou potentiels sur la planète Terre impliquant l’appauvrissement de l’ozone, la disponibilité en eau douce, les effondrements de la pêche marine, les zones mortes de l’océan, la perte de forêt, la destruction de la biodiversité, le changement climatique et la croissance continue de la population humaine. »
Selon une étude du World Resources Institute, 80 % de la couverture forestière mondiale originelle a été abattue ou dégradée, principalement au cours des 30 dernières années. Une des grandes victimes est la forêt amazonienne : 4 251 000 hectares de couvert forestier disparaît par an, soit l’équivalent de la surface d’un terrain de football toutes les 7 secondes. À ce rythme, elle pourrait totalement disparaître autour de 2150.
Les zones mortes des océans sont des régions océaniques où le taux d’oxygène est au plus bas, provoquant ainsi l’asphyxie de la faune marine. Paul Treguer, biogéochimiste et professeur à l’université de Brest explique « Tous les organismes qui ont besoin de dioxygène pour respirer fuient ces zones, les espèces immobiles comme les crustacés meurent et des bactéries méthanogènes se développent. » Elles sont aujourd’hui réparties sur 245 000 km2 et augmentent encore en raison du réchauffement climatique, de la pollution industrielle, des fertilisants liés à l’activité humaine, notamment à l’activité agricole (engrais, élevage), à la dégradation et à l’érosion croissante des sols…
Augmentation de la population mondiale
Un grand nombre des menaces écologiques actuelles est dû à la croissance rapide et continue de la population « 2 milliards de personnes supplémentaires depuis 1992, une augmentation de 35 %. »
Ils proposent donc d’« estimer une taille de population humaine scientifiquement défendable et durable à long terme » en « veillant à ce que les femmes et les hommes aient accès à l’éducation et aux services volontaires de planification familiale. »
L’eau de notre planète est à 97 % salée et non potable. L’eau douce ne représente que 3 %, dont 2 % sous forme de glace (dans les banquises, les glaciers). Il reste donc environ à peine 1 % (cours d’eau, les réservoirs naturels ou artificiels) à partager entre les 7,6 milliards d’habitants aujourd’hui. 80 pays manquent d’eau à l’heure actuelle et une personne sur cinq n’a pas accès à l’eau potable. D’ici 2050, la demande en eau devrait augmenter de 55 % en raison des 9,5 milliards d’habitants prévus, mais également d’une augmentation de la consommation.
La Terre, notre seul foyer
Mais comme l’affirma Jonathan Shanklin, l’un des découvreurs du trou de la couche d’ozone « lorsque les politiques et la science travaillent ensemble, ils peuvent aboutir à une action efficace. » « En 1987, des pays du monde entier ont signé le protocole de Montréal pour réduire l’utilisation des produits dégradant la couche d’ozone. Grâce à ces efforts, le trou la couche d’ozone est en train de disparaître. »
Pour les 15364 scientifiques, « L’humanité ne fait pas ce qui devrait être entrepris de manière urgente pour sauvegarder la biosphère menacée. Bientôt, il sera trop tard pour inverser cette tendance dangereuse. Nous devons reconnaître, dans notre vie quotidienne et dans nos institutions gouvernementales, que la Terre avec toute sa vie est notre seul foyer. »
Sources