Le 20 juillet 1969, Neil Armstrong et Buzz Aldrin ont été les premiers à mettre le pied sur la Lune lors de la mission Apollo 11. Il y a déjà 50 ans… En réalité, il était 21 h 56 à Houston, et donc 5 heures de plus en France ce qui nous fait 3 h 56 du matin le lundi 21 juillet 1969. Étant donné que je n’étais pas encore née, ce cinquantième anniversaire est une bonne occasion pour vivre ou revivre (pour ceux qui étaient devant leur télévision) cette journée historique.
Les astronautes d’Apollo 11
Le 16 juillet 1969 à 9 h 32 (heure de Houston), le lanceur Saturn V décolle depuis le Kennedy Space Center (aujourd’hui appelé Cap Canaveral) en Floride. L’équipage de la mission Apollo 11 est composé de Neil Armstrong, commandant de la mission et pilote du module lunaire, Buzz Aldrin copilote du module lunaire et Michael Collins, pilote du module de commande.
Les astronautes choisis sont loin d’être novices, tous les trois ayant déjà été dans l’espace auparavant.
Né le 5 août 1930 dans l’Ohio, Neil Armstrong a déjà été commandant de bord et pilote de Gemini 8 aux côtés du pilote David Scott. À cette occasion, il a fait preuve d’un incroyable sang-froid lorsque leur vaisseau s’est retrouvé en rotation, au point qu’ils ont failli perdre connaissance. Il a réussi à reprendre le contrôle et tous deux sont rentrés sains et saufs sur Terre. Cette expérience lui vaut désormais le surnom de Mister Cool.
Né le 20 janvier 1930 dans le New Jersey, Edwin Eugene Aldrin junior surnommé Buzz Aldrin a été le premier astronaute titulaire d’un doctorat à voler dans l’espace. Il a piloté Gemini 12 en novembre 1966 et au cours de cette mission a effectué une sortie dans l’espace de 140 minutes dans l’espace pour démontrer qu’un astronaute pouvait travailler efficacement à l’extérieur du véhicule.
Michael Collins, quant à lui, est né en Italie le 31 octobre 1930. Il a piloté Gemini 10 en juillet 1966 et a passé près d’une heure et demie hors de l’embarcation pour une sortie dans l’espace.
Une descente du module lunaire non sans encombre
Le vaisseau Apollo parcourt 240 000 milles en 76 heures puis entre en orbite lunaire le 19 juillet.
Le lendemain, à 13 h 46 (restons à l’heure de Houston), le module lunaire (le LEM baptisé Eagle ou Aigle en français comme l’emblème des États-Unis ainsi que l’insigne de la mission) se sépare du module de commande, c’est-à-dire la partie dans laquelle les trois astronautes séjournent durant la mission. Neil et Buzz laissent donc Michael en orbite lunaire dans le module de commande baptisé Columbia en référence au roman de Jules Verne De la Terre à la Lune. Dans le livre, Columbiad est le nom du canon qui propulse le vaisseau spatial.
Deux heures plus tard, Neil et Buzz entament leur descente vers la surface de notre satellite. Mais l’ordinateur de bord se met à émettre une alarme 1202 qui pourrait obliger à arrêter la mission. Après 30 secondes, le CapCom Steve Bales (le capsule Communicator, c’est lui qui communique avec l’équipage d’Apollo 11) leur dit de l’ignorer et de poursuivre. Il s’agit d’un problème secondaire de saturation des capacités de l’ordinateur. Il faut savoir que les performances des ordinateurs utilisés pour Apollo 11 sont inférieures à celles des smartphones de 2019 !
Mais en raison de cette alarme, Armstrong n’exécute pas une dernière manœuvre de correction de la trajectoire prévue par la procédure. Ayant dépassé de 7 km l’endroit où il devait atterrir, Eagle se dirige dangereusement vers un cratère de la taille d’un terrain de football et recouvert de grosses roches…
Armstrong prend alors le contrôle manuel du module lunaire et survole la surface de la Lune à la recherche d’un site plus sûr où se poser. Il ne reste plus que soixante secondes de carburant… Le rythme cardiaque de Mister cool est passé de 77 à 156. Pendant ce temps, on s’inquiète à Houston. Pourquoi l’atterrissage est-il si long ? Faudrait-il réellement annuler la mission ? Buzz Aldrin surveille les écrans de contrôle et informe Armstrong sur l’altitude, la vitesse et les secondes de carburant restant. Il reste à peine vingt secondes de carburant lorsque le module lunaire se pose enfin sur le bord sud-ouest de la mer de la tranquillité à 7 km du lieu prévu à 15 h 18 (21 h 18 heure française). Armstrong transmet immédiatement au Centre de contrôle de la mission : « Houston, ici la base de la Tranquillité. Eagle a aluni… » Charlie Duke lui répond, soulagé : « Reçu, Tranquillité. Nous comprenons que vous êtes au sol. Vous aviez un paquet de types en train de devenir bleus. On respire à nouveau, merci ». Armstrong et Aldrin se félicitent d’une tape dans le dos et d’une poignée de main.
La communion lunaire de Buzz Aldrin
Une longue séquence de dix heures avant leur sortie est à l’origine prévue. Les astronautes disposent d’une « check list » à effectuer pour vérifier tous les systèmes et préparer au cas où un décollage d’urgence, ainsi que d’un temps repos et d’un repas, avant d’enfiler leurs combinaisons spatiales et dépressuriser le véhicule. Buzz Aldrin est un fervent chrétien. Il demande à Armstrong un moment de silence pour effectuer la première communion lunaire. Il a tout prévu, même une hostie que son pasteur presbytérien lui a auparavant fournie.
Pendant ces premières heures sur la Lune, juste avant les périodes prévues de repos et de repas, je suis allé prendre dans mon kit personnel les éléments de la communion et une petite carte sur laquelle j’avais écrit les paroles de Jésus (…) Je me suis versé un dé à coudre de vin d’un sac en plastique scellé dans un petit calice, et j’ai attendu que le vin se stabilise puisqu’il tourbillonnait à cause de la gravité.
Buzz Aldrin dans sa biographie « Magnificent Desolation » (en français, « Désolation magnifique ») parue en 2009
Mais ce détail ne sera pas révélé tout de suite. Car la veille de Noël, au moment où ils tournaient autour de la Lune, les astronautes d’Apollo 8 avaient lu la Genèse à la fin d’une retransmission télévisée. Et ça n’avait pas été du goût de tout le monde ! Madalyn Murray O’Hair, militante athée américaine, avait estimé que la Nasa avait enfreint le premier amendement de la Constitution. Elle avait alors saisi la Cour suprême et en juillet 1969 la procédure était toujours en cours.
Les deux astronautes d’Apollo 11 décident d’ignorer leur repos de 4 heures et d’écourter la séquence prévue dans l’Eagle. Ils effectuent un dernier test radio et lancent la dépressurisation : comme prévu l’air de la cabine s’échappe dans le vide lunaire. Même si la pression n’est toujours pas tombée à zéro au bout de quinze minutes, le Centre de Contrôle leur suggère tout de même d’ouvrir l’écoutille du module lunaire de 80 cm de côté placée sous le tableau de bord.
Premiers pas sur la Lune
Une caméra vidéo installée dans un panneau à l’intérieur de l’Eagle permet de fournir une couverture en direct lorsque Armstrong descend l’échelle et pose le pied gauche sur la Lune en prononçant quelques mots à 21 h 56 (avec plus de cinq heures d’avance sur le programme initial). Il est alors 3 h 56 chez nous. Armstrong a préparé ces quelques mots avant son départ et les a même soumis à ses supérieurs de la NASA. À plus de 300 000 km de là, des centaines de millions d’êtres humains l’observent en temps réel à travers leur télévision. Les médias retiendront cette phrase désormais célèbre « thats’ one small step for a man, one giant leap for mankind » (c‘est un petit pas pour l’homme, mais un bond de géant pour l’humanité). Mais la transmission n’est pas claire. Nous sommes en 1969, les moyens technologiques ne sont pas aussi perfectionnés qu’en 2019 et l’astronaute possède un accent Midwest nord-américain qui raccourcit les ‘a’. En réalité, les mots qu’ils prononcent sont « That’s one small step for a man, one giant leap for mankind » (c’est un petit pas pour un homme, mais un bond de géant pour l’humanité). Un tout petit mot qui change le sens de cette célèbre phrase…
19 minutes plus tard, Aldrin descend à son tour après avoir donné l’appareil photo Hasselblad à Armstrong qui a également pour mission de documenter cet événement.
Ils déposent sur le sol lunaire une petite plaque en acier inoxydable. Armstrong lit ce qui y est inscrit : « Ici, les hommes de la planète Terre ont posé le pied sur la Lune pour la première fois – juillet 1969 après J.-C. – Nous sommes venus en paix pour toute l’humanité. » Sous l’inscription figurent les noms de l’équipage d’Apollo et du président Nixon.
À 23 h 47, Houston leur annonce : « le président des États-Unis est dans son bureau et aimerait vous dire quelques mots. » Armstrong répond : « ce serait un honneur. » Les deux astronautes parlent alors avec le président Richard Nixon qui les appelle pour les féliciter.
Neil et Buzz. Je vous parle depuis la salle ovale de la Maison Blanche. Cette conversation téléphonique est tout simplement historique. Les mots me manquent pour vous exprimer notre fierté. Jamais les Américains ne se sont sentis aussi fiers. Et le peuple du monde entier, j’en suis sûr, se joint aux Américains pour saluer cet extraordinaire exploit. Grâce à ce que vous avez accompli, les cieux font désormais partie du monde des humains. Et comme vous nous parlez à partir de la Mer de la Tranquillité, cela nous incite à redoubler d’efforts pour apporter la paix et la tranquillité sur Terre.
Merci, monsieur le président. C’est un grand honneur et un privilège pour nous d’être ici pour représenter non seulement les États-Unis, mais également des hommes de paix de toutes les nations. Et avec intérêt, curiosité et une vision pour l’avenir. C’est un honneur pour nous de pouvoir participer ici aujourd’hui.
le président des Etats Unis Richard Nixon – Armstrong
Les deux pilotes doivent mettre en place un sismomètre pour enregistrer les impacts de météorites les, éruptions volcaniques ou les tremblements de Lune ainsi qu’un réflecteur laser qui permettra de mesurer précisément la distance Terre-Lune. Ils récupèrent également une vingtaine de kilogrammes de roches lunaire. Pendant ces quelques heures, ils auront par ailleurs planté un drapeau américain, pris des photos de notre satellite et déposé des médaillons en l’honneur de deux cosmonautes russes décédés de manière tragique : Yuri Gagarin, le premier homme à être allé dans l’espace, et Vladimir Komarov.
Après avoir passé 2 heures, 36 minutes et 40 secondes sur le sol lunaire et parcouru 1000 mètres, les deux astronautes remontent dans le module lunaire et ferment la trappe. Ils consacrent ensuite trois heures à leur repas et à diverses tâches (dont la mise en oxygène de l’habitacle), puis entament un sommeil bien mérité. Buzz Aldrin réussit à dormir une petite heure mais Armstrong pas du tout. Quelques heures plus tard, il est temps de repartir. Mais en remontant, Buzz Aldrin a malencontreusement brisé le bouton du commutateur qui permet de lancer la mise à feu du moteur de l’engin. Fort heureusement il a un stylo sur lui ! Et pas n’importe lequel ! Le space pen (stylo de l’espace) ! Il réussit à remplacer le bouton-poussoir par la pointe de son stylo permettant à l’Aigle de retourner vers le module de commande à 12 h 54. Le souffle des réacteurs met à terre le drapeau américain planté trop près du module lunaire. Et quelques objets parmi lesquels un sac poubelle contenant notamment les “toilettes” de la mission Apollo 11, resteront sur la Lune.
À 16 h 35, Armstrong et Aldrin s’amarrent et rejoignent Collins qui a fait 27 fois le tour de la Lune. Une fois à bord, les astronautes se débarrassent de l’étage de remontée du module lunaire qui va s’écraser sur la Lune. À 23 h 56, Columbia entame son retour sur Terre. Il amerrit dans l’océan Pacifique sans encombre à 11 h 49 le 24 juillet. Mais la douane américaine veille sur ces arrivants de l’espace… Les trois astronautes doivent présenter leur passeport, et remplir un formulaire où ils indiquent leur numéro de vol (Apollo 11), leur itinéraire (Lune / Honolulu, Hawaï), et … leurs bagages ! À la question sur les agents infectieux susceptibles de provoquer une épidémie , ils ont répondu “à déterminer”… La roche lunaire devra être enregistrée à la douane. On ne rigole pas avec les lois terrestres, qu’on vienne d’un autre pays ou de l’espace…
Pour aller plus loin
Ils ont marché sur la lune – 50 ans d’épopée photographique
Apollo : L’histoire, les missions, les héros
Apollo Confidentiel
Magnificent Desolation: The Long Journey Home from the Moon – Buzz Aldrin
Et si vous voulez garder un souvenir de ce cinquantième anniversaire, vous pouvez consulter ma sélection shopping spécial 50ème anniversaire d’Apollo 11
Sources
https://www.nasa.gov/mission_pages/apollo/apollo-11.html
https://www.history.com/topics/space-exploration/moon-landing-1969
https://www.history.com/news/apollo-11-moon-landing-timeline
https://www.space.com/apollo-11-complete-guide.html
https://www.herodote.net/20_juillet_1969-evenement-19690720.php
https://history.nasa.gov/ap11ann/apollo11_log/log.htm
Excellent travail d’investigation et de documentation !!
Merci La Fille Dans La Lune (^ _ ~)