Les exoplanètes n’avaient jusqu’à présent été détectées que dans la Voie lactée. Des chercheurs de l’Université d’Oklahoma (USA), Xinyu Dai et Eduardo Guerra estiment avoir pour la première fois réussi à détecter des planètes situées en dehors de notre galaxie, à 3,8 milliards d’années-lumière. L’observation de planètes à cette distance étant impossible, ils ont utilisé la technique des microlentilles gravitationnelles.
Les lentilles gravitationnelles
La lumière ne voyage pas en ligne droite. D’après la relativité générale d’Einstein une forte concentration de masse dévie les rayons lumineux qui passent à proximité. Les effets sont d’autant plus visibles si la masse qui les dévie est importante comme par exemple des amas de galaxies, des trous noirs, etc.
Si l’observateur, un amas et une galaxie lointaine par exemple sont parfaitement alignés, la lumière provenant de la galaxie est alors fortement déviée lors de son passage près de l’amas et la galaxie lointaine apparaît à l’observateur sous plusieurs images.
Les rayons lumineux qui passent légèrement au-dessus de l’amas sont déviés vers le bas et donnent lieu à une image de la galaxie décalée vers le haut. Par contre, les rayons qui passent sous l’amas sont déviés vers le haut et donnent naissance à une image de la galaxie décalée vers le bas.
Si la source n’est que de très peu décalée de l’axe observateur-lentille, on peut alors observer des images multiples de cette source. Si l’alignement est parfait, l’objet lointain peut nous apparaître comme un anneau lumineux entourant l’image de l’objet proche appelé anneau d’Einstein.
Cet effet sera d’autant plus utile pour les astrophysiciens que l’objet massif responsable de cet effet va concentrer et donc amplifier les rayons lumineux. Jusqu’à présent, 53 exoplanètes sur les 3 728 actuellement dénombrées dans notre Voie lactée ont été identifiées grâce à cette méthode.
2000 planètes détectées hors de notre galaxie
Xinyu Dai et Eduardo Guerras ont découvert un important effet de lentille gravitationnelle sur RXJ1131-1231 un quasar contenant un trou noir supermassif, situé à environ 6 milliards d’années-lumière. Les responsables de cet effet : environ 2000 planètes dans une galaxie distante de 3,8 milliards d’années-lumière. Leurs masses vont de celle de la Lune à celle de Jupiter. Le champ gravitationnel de cette galaxie entre nous et le quasar courbe la lumière créant quatre images distinctes du quasar.
En utilisant les données de Chandra, l’observatoire spatial de rayons X de la NASA, les scientifiques ont ensuite calculé les modèles de microlentilles au Centre de superinformatique pour l’éducation et la recherche ( Supercomputing Center for Education and Research) et en ont déduit la présence de ces planètes au sein de la galaxie.
« Ces petites planètes sont le meilleur candidat pour la signature que nous avons observée dans cette étude en utilisant la technique de microlentilles. Nous avons analysé la haute fréquence de la signature en modélisant les données pour déterminer la masse », indique Xinyu Dai.
Eduardo Guerras affirme : « Ceci est un exemple de la puissance des techniques d’analyse par microlentille extragalactique. Cette galaxie est située à 3,8 milliards d’années-lumière, et il n’y a pas la moindre chance d’observer directement ces planètes, même avec le meilleur télescope qu’on puisse imaginer dans un scénario de science-fiction. »
Pour aller plus loin
La révolution des exoplanètes de James Lequeux
Ce livre donne les bases nécessaires pour comprendre des travaux actuels sur les exoplanètes, qui sont si nombreux et si divers qu’il est facile de s’y perdre.
Les Nouveaux Mondes du cosmos : à la découverte des exoplanètes par Michel Mayor et Pierre Yves Frey
La longue quête de nos voisines, les planètes du système solaire, la mise au point des subtiles techniques modernes d’observation des planètes en orbite autour d’étoiles lointaines, la floraison de découvertes, et les vertigineuses perspectives de formes de vie ailleurs dans l’Univers, sont ici contées par l’un des acteurs majeurs de cette aventure scientifique exceptionnelle.
NB : le livre date de 2001 et ne donne donc pas les découvertes et techniques actuelles.
Voir aussi La NASA et Google découvrent des exoplanètes grâce à l’intelligence artificielle
Sources
Très instructif, merci ! 🙂